Dans Kangaroo Boy, le réalisateur et animateur Lee Jinseok nous entraîne dans un univers où se mêlent satire sociale, relations familiales et symbolisme. À travers le regard d’un jeune homme, il aborde des thèmes contemporains comme le chômage chez les jeunes en Corée, les relations complexes entre parents et enfants, et la pression sociétale liée au succès financier. Inspiré par ses propres expériences et une vision artistique influencée par des figures telles que Bong Joon-Ho et Junji Itô, Lee Jinseok utilise l’animation pour explorer des émotions fortes et des thématiques profondes. Dans cet entretien, il nous partage les origines de son œuvre et ses aspirations pour l’avenir.

© LEE Jinseok – Extrait du court-métrage “Kangaroo Boy”
  • Vous abordez des thèmes très actuels dans « Kangaroo Boy », comme le chômage des jeunes en Corée, les relations parent-enfant, et l’investissement en bourse. Qu’est-ce qui vous a inspiré ce court-métrage ? Vouliez-vous transmettre un message particulier ?

À l’origine, je ne visais pas spécifiquement à traiter de problématiques sociales. Mon intention première était de me concentrer sur des situations personnelles, notamment des difficultés familiales que je connais bien. Naturellement, ces réflexions ont évolué vers des sujets plus larges, comme les tensions dans les relations parent-enfant et les défis auxquels font face les jeunes dans le monde du travail.

  • Comment les trois personnages principaux ont-ils pris forme, et pourquoi avoir choisi le symbole du « kangourou » ?

La réponse est simple : le fils, c’est moi, ou du moins une représentation proche de moi. Je me suis directement inspiré de mon propre vécu pour le créer. Le père est également inspiré de mon propre père, tout comme l’environnement de la maison, qui ressemble à celui dans lequel j’ai grandi. Quant au troisième personnage, il incarne les pressions et les attentes de la société, une autre facette de la personnalité du fils. Le kangourou, quant à lui, symbolise bien l’attachement des parents coréens, très affectueux et protecteurs envers leurs enfants. Comme le kangourou porte son petit dans sa poche ventrale, il m’a semblé qu’il représentait parfaitement cette relation parent-enfant en Corée. En imaginant un père portant son fils de cette façon, j’ai trouvé l’image à la fois troublante et significative – c’était l’élément clé que je cherchais.

  • Avez-vous des projets de développement pour ces personnages dans un long-métrage ou une série ?

J’aimerais beaucoup explorer le format long-métrage. J’ai commencé par des films très courts, puis évolué vers des projets de 14 minutes, et mon rêve serait de raconter des histoires plus étendues. Si un long-métrage voit le jour autour de Kangaroo Boy, je serais ravi de lui donner vie.

© Marie-Line El Haddad – Le réalisateur LEE Jinseok
  • Votre style d’animation est assez unique. Y a-t-il des réalisateurs ou des œuvres particulières qui vous inspirent ?

Mon modèle principal est le réalisateur coréen Bong Joon-Ho ; j’admire vraiment toute son œuvre. Un autre créateur qui m’inspire beaucoup est le mangaka japonais Junji Itô, maître du mystère et de l’horreur. J’apprécie sa manière de partir d’une situation quotidienne familière, puis d’y insérer un élément perturbant qui crée soudainement un sentiment de peur et d’étrangeté. Ce style me fascine et m’influence dans mon propre travail.

  • Quels sont vos projets futurs ? Comptez-vous continuer dans l’animation ou explorer d’autres formes d’art et de narration ?

L’animation restera toujours au cœur de mon travail. Mon ancienne entreprise produisait des films pour enfants, mais j’aimerais me diriger vers des thèmes plus sombres, comme l’horreur. Mon prochain projet, par exemple, raconte l’histoire d’un poisson qui tente de dévorer une petite fille. J’aime l’animation parce que c’est un médium parfait pour donner vie aux histoires que j’ai en tête. En parallèle, je réalise aussi de courts mangas pour des récits plus simples, tandis que je réserve l’animation pour des histoires plus profondes. Mon rêve serait qu’un jour mes mangas soient disponibles dans des bibliothèques, pour que les lecteurs puissent les découvrir facilement.

Retrouvez toute la programmation de la 19e édition du Festival du Film Coréen à Paris en cliquant ici.

Marie-Line El Haddad's avatar
Posted by:Marie-Line El Haddad

Leave a comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.